La journée se présentait fraîche et agréable malgré le soleil brûlant qui martelait les rues depuis bientôt trois heures. Il faisait de plus en plus chaud malgré le grand vent frais qui secouait les arbres, faisait voler les cheveux et envoler les ballons des bambins. Evelina se réveilla. Une grosse boule dans le ventre et l'impression d'avoir été écrasée par un train. Oui, dans quelques heures, elle aurait une aiguille à son bras en train de lui prélever du sang. Elle se tourna sur le dos et contempla le plafond de sa petite chambre. Merde, songea-t-elle. Finalement, elle s'extirpa de son lit moelleux, les cheveux en bataille ainsi qu'un sacré mal de tête. Elle se souvenait avoir bu hier soir, mais pas au point d'être complètement bourrée. Elle était rentrée chez elle après une journée à la boutique, à vendre ses oeuvres d'art, comme à son habitude. Et pourtant, la tête lui tournait et l'élançait beaucoup. Avec difficulté, elle parvint à enfiler ses chaussons et se dirigea péniblement vers la cuisine. Le soleil avait envahi la petite maison qu'elle habitait avec son frère Evan. Clignant des yeux, elle s'approcha de la table où un petit déjeuner l'attendait, avec son sachet d'épices enrichi en fer ou elle ne savait quoi. Son repas habituel pour préserver les vampires. Toujours le même refrain. se dit-elle en riant. Les vampires sont nos amis, alliés et nous sont égaux... Ils ont qu'à se démerder à trouver de la bouffe ! Elle sourit. Bien sûr, personne aux Humains Captifs n'auraient été d'accord. Elle était la seule à se foutre de la survie humaine comme de la survie des vampires. Elle vivait sa vie, un point c'est tout. Et pourtant, toutes les deux semaines, on lui prélevait 0,5L de son sang pour nourrir cette espèce née d'un virus.

Elle engloutit sa nourriture, ses yeux s'accoutumèrent à la lumière. Vivement, elle se prépara à sortir. Passant par la case douche, habillage et enfin, brossage de cheveux. Elle enfila ses Docks et sortit de chez elle à la va vite. Elle fit quelques mètres, avant de se rendre compte que le jean qu'elle avait enfilé ne convenait pas à une journée pareille. Tant pis, elle crèverait de chaud, ça lui éviterait un énième prélèvement. Elle vagabonda longtemps, environ près d'une heure avant de se rendre à la réalité : elle avait soif, chaud et n'avait qu'une seule envie : de l'air. Un seul endroit en procurait : Premium Blood. Elle soupira et se dirigea vers les locaux de ces emprunteurs de sang comme elle aimait les appeler. Au fond, elle le savait, elle les détestait. Mais faire ce petit job insignifiant pour cent livres l'intéressait. La vie en Grande Bretagne était assez chère pour se rendre compte que cent livres étaient vraiment énormes. Oui, mais cent livres pour donner son sang ? On l'achetait. Tout simplement. Alors que chaque personne était unique, on achetait son sang, son ADN, sa personnalité pour nourrir des gens. Evelina s'arrêta au milieu du trottoir ; se faisant au passage bousculée par les travailleurs pressés. Par ce beau soleil, aucune chance qu'un vampire ne se pointe pour la bouffer. Et qui voudrait d'une maigrichonne comme elle ? Transpirante et rouge comme une tomate sous cette chaleur à crever ? Sa gorge sèche sembla s'humidifier, une bouffée d'air la gagna et... elle rebroussa chemin. Cette Brenda Sawyer qu'elle avait rencontrée lors de son dernier prélèvement allait être très mécontente. Mais au fond, Evelina s'en foutait : on ne l'achèterait jamais ! Même pour des vampires. Furieuse, elle se dirigea vers sa maison.

Elle s'arrêta à mi-chemin. La puce à sa cheville. On allait la détecter. Et si elle ne pointait pas son cul là-bas dans les douze prochaines heures, ils ne tarderaient pas à frapper à sa porte. Elle haussa les épaules : ils viendront de toute façon. Qu'elle se présente de plein gré ou pas, on lui fera ce prélèvement. Autant les ralentir un maximum. Elle rentra chez elle et se désaltéra. Elle mit la climatisation en route, comme ça Evan sera content en rentrant.


La journée passa rapidement aux yeux de la jeune fille. L'heure où elle allait se faire piquer approchait, et la boule qui lui serrait le coeur grossissait. Il était dix sept heures, elle n'avait environ plus que trois heures pour se présenter, ou elle allait se faire attraper. Evelina s'allongea sur le canapé de son minuscule salon et passe ses mains derrière la tête. Tant pis,elle attendrait et se débattrait. Elle mourrait s'il le fallait mais personne ne l'achèterait. Elle soupira et ferma les yeux. Autant attendre le moment venu en beauté. Elle s'endormit quelques minutes plus tard, juste après qu'elle ait vu le jour peu à peu décliner. Elle dormit près de trois heures et fut réveillée par la sonnette de la porte d'entrée. Elle sourit en ouvrant les yeux. Si tôt, pas possible. Ils arrivaient environ une heure en retard généralement. Ah oui, elle se souvint de son groupe sanguin, et donc du fait qu'elle était une sorte de trésor pour Blood Premium. Elle se leva et courut à la fenêtre qui conduisait à leur minuscule jardin. Elle l'ouvrit en vitesse et enjamba la rambarde. Elle atterrit sans encombres au sol et courut jusqu'au fond où une trappe assez grande pour la laisser passer en rampant, semblait attendre sa venue. Elle conduisait dansle jardin des voisins, mais ce n'était qu'un détail aux yeux d'Evelina. Elle devait s'enfuir à tout prix. Elle imaginait l'ébullition chez A&O. Brenda Sawyer devait fulminer en voyant le petit poitn rouge qui indiquait la position d'Evelina se déplacer rapidement dans la direction opposée de ses agents. Elle eut un petit sourire en filant à travers la propriété des Travers, les voisins des deux faux triplés Belladona. Elle sortit en courant. Filant en direction du soleil couchant. Elle consulta rapidement sa montre. Ah ouais ! Quand même, c'est 20h00 ! Et puis, malgré que ce fut tard, elle savait pertinemment qu'elle ne pouvait pas se cacher. À moins de se couper la cheville et donc de perdre sa puce pourrie... Mais ça équivalait à soit mourir d'une hémorragie ou d'une infection, ou dans le meilleur des cas, avec un moignon pour toujours. Elle secoua la tête pour s'enlever l'idée de la tête et se concentra sur sa respiration. Elle devait la régularisé car cette dernière commençait à s'emballer. Elle jeta un oeil derrière elle et aperçut ces incollables costards noirs qui couraient derrière elle, lui ordonnant de s'arrêter à coups de Hey ! Reviens ici ! Elle brandit son majeur tout en continuant de courir, la peur au ventre d'être rattrapée. Elle regarda droit devant elle, tournant lorsqu'il le fallait car la ville n'avait presque aucun secret pour la brunette. Son coeur s'emballa sérieusement, sa respiration saccadée la faisait siffler et ses poumons semblaient être passés sous un rouleau compresseur. Evelina marqua une pause. Elle ralentit sa course, mais savait que c'était inutile de courir. Elle finirait soit par mourir de fatigue, soit d'être tuée pour avoir violer ses obligations. Lorsque son regard sembla flouter, elle sut alors que c'était trop tard. Car quatre silhouettes noires venaient d'apparaître devant elle, à près de cent mètres. Elle ralentit jusqu'à marcher, mais son pas gardait une certaine vitesse qui s'estompa peu à peu, se stoppant à cinquante mètres des hommes. Elle se retourna. Ses poursuivants déboulèrent, rouges et essoufflés par leur course. Son coeur sembla ralentir, mais elle comprit alors que c'était trop tard : elle avait été rattrapée par son cauchemar. Evelina se tourna alors vers les costards noirs essoufflés avant de se retourner vers les autres.

» NOUS NE DESIRONS QUE VOUS PARLER ! hurla l'un des hommes, assez fort pour qu'Evelina l'entende. Elle sourit et leva ses mains en l'air, ayant la pensée qu'ils étaient armés. Certains portaient des combinaisons anti-soleil. Des vampires. Elle sourit.

Les hommes avancèrent vers elle et lorsqu'ils furent assez proches, les premiers l'encerclèrent et lui saisirent bras et poignets assez fort pour que la frêle jeune femme ne puisse s'en sortir. Elle se débattit violemment, presque au point de se briser les poignets. Elle hurla, mais la fatigue l'emporta finalement et elle se laissa porter. Ils la conduire vers un véhicule noir, aux vitres teintées. Elle s'engouffra à l'intérieur, les poignets liés par des menottes, histoire qu'elle évite de s'enfuir. Visiblement, ils avaient sortis l'artillerie lourde. Elle sourit en voyant deux hommes pénétrant dans la voiture et l'encadrant. Pas de cerveau, rien que du muscle. Elle faillit éclater de rire, mais se retint de justesse. Les hommes n'avaient pas l'air de plaisanter. Pourtant, la fête venait tout juste de commencer. Vraiment, se foutre de la gueule d'Alpha & Oméga était marrant, et très facile. Une joie qu'elle se faisait dès qu'elle en avait l'occasion. Elle tenta de mettre sa main droite sur ses lèvres, mais la main gauche fut entraînée et Evelina se souvint qu'elle portait des menottes. Elle se tourna vers l'homme à sa droite.

» Je crois que vous pouvez me les enlever, non ? demanda-t-elle.