"Il y a des journées où on ferait mieux de rester coucher." C'était exactement ce que se répétait Matthias depuis qu'il avait ouvert les yeux, réveillé par la lumière du jour qui transperçait les rideaux. Foutu réveil. Foutues obligations. Il avait beau se retourner milles fois sous sa couette, le problème restait le même: il devait se lever, il n'y avait pas d'issue. Il avait beau couper le téléphone et espérer que les gens l'oublieraient, il savait que ce n'était pas possible. Il fallait se lever. Il avait un mal de crâne pas possible et ne savait même pas pourquoi: il s'était couché tôt, et n'avait pas fait la fête, pour une fois... Matthias se mit en route pour sa "destination finale": Blood Premium. L'endroit qui le dégoûtait le plus au monde. Sur le chemin, il évitait son reflet dans le miroir: à la façon qu'avait les gens de le regarder, il devait avoir mauvaise mine. Des cernes de 5 mètres de long. En réponse à ces quelques regards déplacés, il préférait mettre ses lunettes de soleil. Ca ne changerait évidemment rien à son état, mais il aurait au moins l'impression d'être protégé du reste du monde et du soleil pendant encore quelques minutes. Matthias plaça son casque sur les oreilles, afin de faire le chemin en musique, au lieu d'avoir à supporter les bruits de la rue. Il devenait de plus en plus asocial et ne s'en rendait même plus compte: il aimait trop son petit monde artistique et préférait réduire son entourage aux choses essentielles: l'amour, et la musique. Sa musique mise en route, il fit de même, et fut rapidement devant le grand bâtiment lugubre, orné de lettres qui rendaient Matthias malade rien qu'a les voir: BLOOD. Il ne pu s'empêcher de les regarder, malgré le fait qu'ils les connaissait déjà par coeur. Puis il ôta ses lunettes de soleil et se présenta dans le grand bâtiment. Machinalement, il se dirigea vers l'ascenseur et appuya sur le bouton pour l'appeler. Il n'était pas du tout pressé d'arriver en haut, et aurait peut-être du le souhaiter un peu moins fort... Juste avant que la porte se referme, une jeune femme arrêta la porte pour rejoindre Matthias à l'intérieur. Il n'y prêta pas trop attention, se contentant de se coller au mur de l'ascenseur et d'attendre qu'elle appuie sur le bouton qui lui irait. Il était trop perdu dans ses pensées pour vraiment détailler cette femme...
L'ascenseur monta rapidement mais, d'un coup, s'arrêta. Les portes firent un drôle de bruit, et l'ascenseur fut plongé dans le noir pendant un court instant. Puis, la lumière revint. Matthias fit un pas vers les boutons et appuya sur un, deux, trois boutons. Mais rien. Franchement énervé, et sans trop se rappeler qu'il n'était pas seul, il s'écria:
- Putain ! J'hallucine...
Putain de journée. Qu'est ce qui pouvait bien lui arriver de pire que d'être coincé dans un bâtiment qu'il détestait plus que tout? Il n'était pas claustrophobe, mais l'idée de rester ici pendant longtemps le perturbait vraiment... Il croisa le regard de la jeune femme et le détourna, il se sentait un peu idiot de réagir comme ça mais il avait vraiment envi de frapper contre un mur... Il essayait tout de même de se contenir, ne voulant pas effrayer l'inconnue en agissant comme un psychopathe. Il prit une grand respiration et se mit à chercher le bouton pour appeler les dépanneurs, les secours, enfin quelqu'un susceptible de le sortir de là le plus rapidement possible. Il appuya dessus une fois, puis deux, mais rien ne se passait. Visiblement, rien n'allait se passer, et il risquait d'être coincé là un bon moment si personne ne remarquait que l'ascenseur était coincé. Poussant un soupiré énervé, il se recolla au fond de l'ascenseur et se laissa glisser jusqu'au sol, se retrouvant maintenant assis par terre, sans prendre la peine de regarder la jeune femme qui se trouvait toujours à côté de lui...